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L’esclavage en chaine

Dans la plupart des produits que nous utilisons quotidiennement, y a-t-il une petite part de travail esclave et de traite des êtres humains? Leur fabrication ou leur transformation se font parfois dans des conditions de travail indignes qui ne respectent pas les droits fondamentaux des personnes humaines.

C’est un phénomène lié à la mondialisation et à la globalisation de l’économie qui touche majoritairement les pays les plus pauvres tout en approvisionnant les marchés des pays occidentaux.

approvisionnement
 

La prise de conscience récente de ce phénomène : L’affaire du Rana Plaza

En 2013, à Dacca au Bangladesh, l’effondrement du Rana Plaza a fait plus de 1100 morts et 2500 blessés. Les victimes travaillaient au sein d’ateliers de fabrication de vêtements, en sous-traitance pour des marques occidentales dans des conditions de travail esclave. Cet événement a révélé aux yeux du monde entier l’ampleur de ce type d’esclavage moderne et a incité certains pays et organismes à réagir face à ce phénomène. 

Les mesures législatives

En 2017, la France a voté la loi Potier sur « le devoir de vigilance des entreprises » qui constitue un texte pionnier car elle établit un lien de responsabilité entre les grosses société donneuses d’ordre et leurs filiales, fournisseurs et sous traitants à l’étranger. Les multinationales employant plus de 5000 salariés en France (ou 10 000 en France et à l’étranger) ont l’obligation de publier un plan de vigilance qui répertorie les risques liés aux droits humains et environnementaux. Elles doivent s’assurer qu’il n’y ait pas de situation d’esclavage au sein de leurs filiales ou de leurs chaines de sous-traitance. 

En 2015, la Grande Bretagne a voté le « Modern Slavery Act » qui impose aux grandes entreprises de répertorier les risques liés aux droits humains et environnementaux au sein de leurs filières de sous-traitance. Mais ces plans sont plus informatifs que contraignants.

En 2010, l’État de Californie a, le premier,  mis en place une loi pour imposer aux entreprises les plus importantes de s’assurer des conditions de travail et du respect des droits fondamentaux dans leurs chaines de sous-traitance.

Ces premières pierres législatives ont le mérite d’exister, mais elles sont insuffisantes en l’absence de toute sanction. En revanche, la loi française met en avant de façon tangible la responsabilité des multinationales vis à vis du travail des enfants, femmes et hommes au bout du monde. 

Comment lutter contre cette forme d’esclavage ?

A l’échelle individuelle

  • S’informer sur la provenance et la fabrication des produits que nous achetons 
  • Privilégier les entreprises et les marques qui communiquent de façon transparente sur leurs chaines de fabrication 
  • Rechercher des produits issus du commerce équitable

La sensibilisation grand public
Rendre visible ce phénomène aux yeux du grand public peut aider le citoyen à se poser les bonnes questions relatives à ses habitudes de consommation.

L’action des ONG et associations
Les ONG et associations militent et accompagnent les victimes pour faire valoir leurs droits. En rendant visible les situations d’exploitation : 

  • Elles interpellent les gouvernements occidentaux pour les inciter à légiférer et font pression sur l’Union Européenne pour une action concertée des États.
  • Elles font pression sur les grandes entreprises, soucieuses de préserver leur image aux yeux du grand public, pour qu’elles prennent des mesures contre ces pratiques et qu’elles contrôlent leurs chaines de sous-traitance.

L’engagement des entreprises
Toutes les entreprises, même si elles ne sont pas touchées par la loi, doivent s’assurer que leurs filières de fabrication respectent les droits fondamentaux des personnes humaines. En contrôlant les conditions de travail au sein de leur chaine de sous-traitance.

Le plaidoyer
En France après le vote de la loi Potier, Il faut maintenir la pression sur le gouvernement afin qu’elle soit appliquée, c’est à dire que les entreprises concernées publient leurs plans de vigilance et qu’ils soient conformes à la loi, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.
En Europe, il faut agir auprès de l’Union Européenne pour qu’elle s’investisse dans ce domaine auprès des États membres afin de stopper l’impunité des multinationales dans le domaine des droits humains et de l’environnement..

Le Comité Contre l’Esclavage Moderne

Depuis vingt cinq ans, il dénonce toutes les formes d’esclavage contemporain partout dans le monde.A
Il prend en charge en France les victimes de travail esclave, et de traite à des fins économiques.

Article rédigé avec Sylvie O'Dy - présidente du CCEM