Coordination : Geneviève Colas - genevieve.colas@secours-catholique.org - 06 71 00 69 90

Prévenir les jeunes filles nigérianes des pièges de la traite

La campagne de prévention sur Facebook « Don’t pay with your life » a pour objectif principal de donner les moyens aux jeunes filles nigérianes de ne pas tomber dans les pièges de la traite. Elle s’achèvera en juillet 2022.

Cette campagne répond à la volonté d’Ecpat France qui la coordonne avec des partenaires français et nigérians de faire de la sensibilisation directe auprès des jeunes filles nigérianes entre 13 – 25 ans de l’état d’Edo. En effet, ce public est la cible privilégiée des exploiteurs cherchant à recruter des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle à destination de l’Europe.

A travers des fictions et la parole d’anciennes victimes de traite nigérianes, la campagne tente de donner aux jeunes filles une autre vision du départ en Europe, plus en adéquation avec la réalité que celle parfois promue par leur environnement familial, culturel et religieux.

Cette campagne se déroule sur Facebook car les jeunes nigérianes sont très présentes sur ce réseau qui est par ailleurs très utilisé par les exploiteurs pour recruter leurs victimes ou diffuser de la désinformation sur le niveau de vie conduit en Europe.

a campagne est coordonnée par Ecpat France en partenariat avec la Mission d'Intervention et de Sensibilisation contre la Traite des êtres humains (MIST) et l’AFJ sur le territoire français, et Girls Power Initiative (GPI) au Nigéria.

Informer sur la réalité de la traite

Des exploiteurs recrutent leurs victimes en leur promettant la réussite économique et un niveau de vie meilleur en Europe, assorti de la possibilité d’aider également toute leur famille. A travers les réseaux sociaux, ils diffusent notamment du contenu montrant la réussite factice de jeunes nigérianes étant parties en Europe.

A travers des web séries et les histoires d’anciennes victimes de traite en europe,, la campagne a pour vocation de donner les capacités aux victimes potentielles de ne pas se laisser séduire par les fausses promesses des exploiteurs et de prendre conscience que leur réussite économique ne passe pas nécessairement par un départ en Europe. Cette campagne en ligne se déroule en parallèle d’actions de sensibilisation réalisées sur place par les partenaires d’ECPAT France dans l’Etat d’Edo.

A travers les témoignages d’expérience présents dans les podcasts, les anciennes victimes décryptent les méthodes utilisées par les exploiteurs pour recruter des jeunes filles et la façon dont ils se présentent à elles.

L’idée est d’apprendre aux potentielles victimes à reconnaitre un exploiteur et à démasquer ses véritables intentions

Déconstruire les mécanismes culturels, religieux et familiaux qui mènent à la traite

Le rôle de la famille
Au Nigéria, le contexte économique défavorable accentué par les effets de la CoVid-19 incite les jeunes filles à rechercher un avenir et la réussite en Europe. Il pousse également les familles à les encourager dans ce sens, pensant que cela peut leur assurer un gain économique. Pour les exploiteurs, il est alors facile de profiter de la vulnérabilité de ce public et de les séduire avec des fausses promesses.

C’est pourquoi les podcasts abordent le rôle que la famille peut jouer auprès des jeunes filles. Dans un cadre éducatif sain et informé, elle peut les préserver des pièges de la traite plutôt que de les encourager à un départ vers l’Europe. Des web séries, réalisées au Nigéria, mettent elle en avant, les mécanismes de recrutement divers utilisés par les exploitants et aident, épisodes par épisodes, à mettre à jour les intentions réelles des réseaux d’exploitation.

L’influence des chefs religieux
Les chefs religieux peuvent parfois jouer un rôle favorable à la traite. Leur influence sur les populations est notable car la religion tient une place primordiale dans la culture nigériane. Le rite vodou du juju, est par exemple très utilisé par les exploiteurs pour créer un mécanisme d’emprise avec la victime avant son départ en Europe . Celle-ci se croit alors redevable envers son exploiteur de sa "protection spirituelle" établie lors du rite, ce qui la place dans une situation de grande vulnérabilité.

Les outils diffusés dévoilent en partie le rôle que peuvent avoir les chefs religieux dans les mécanismes d’emprise de la traite et dans l’incitation des jeunes filles à partir en Europe. Cependant, ils insistent également sur la prévention que peuvent faire ces leaders d’opinions auprès de ce public.

Une campagne de prévention novatrice impliquant d’anciennes victimes de traite nigérianes

La campagne s’articule autour d’une page Facebook qui lui est dédiée, sur laquelle sont diffusés des contenus et des outils de prévention.

Ces derniers sont de 3 ordres :

  • Des séries vidéos publiées épisode par épisode dont le but est de sensibiliser le public par le biais de fictions reflétant fidèlement la réalité.
  • 8 podcasts sous forme de débats entre d’anciennes victimes de traite Nigérianes vivant aujourd’hui en France. A travers leurs vécus, elles témoignent de la réalité qu’elles ont rencontrée en venant en Europe.
  • Des témoignages vidéo d’anciennes victimes de traite nigérianes qui partagent leur expérience. Chacune d’entre-elles s’exprime sous la forme d’une lettre qu’elle adresse à sa jeune sœur fictive au Nigéria, et donc indirectement à chaque jeune fille qui visionnera le témoignage.

Suite à une première édition de la campagne Don’t Pay with Your Life en 2019, La page Facebook « Don’t pay with your life » possédait déjà une communauté de 12 000 personnes. Afin d’élargir le public potentiel, les contenus sont promus en direction des cibles à atteindre.

La Community manager de la campagne est également une ancienne victime de traite nigériane. Elle est accompagnée par une experte en communication qui lui donne les clefs du métier. Elle se charge d’animer la page, de la modérer et de diffuser et promouvoir les contenus.

Pour en savoir plus, visitez la page Facebook « don’t pay with your life »
 

ECPAT FRANCE

Membre du réseau international ECPAT (End Child prostitution, Child Pornography & trafficking of children for sexual purposes), ECPAT France (EF) est une association française créée en  1997 ;

elle a pour mission de prévenir et de lutter contre toutes les formes de violence et d’exploitation sexuelle des enfants, y compris la traite, en ligne et hors ligne. 

Ecpat France développe des projets en France et à l’international pour prévenir, protéger et réparer les droits des mineurs et les jeunes victimes. Elle porte une attention particulière à la participation et à la prise en compte des vues des enfants dans le développement et la conduite de ses projets.


Article rédigé en collaboration avec Luisa Fenu, responsable du pôle France-Europe d’Ecpat France.