Coordination : Geneviève Colas - genevieve.colas@secours-catholique.org - 06 71 00 69 90

Lutter contre l’exploitation et la traite des personnes transgenres

Depuis 40 ans, l’association Aux captifs, la libération va à la rencontre des personnes transgenres en situation de prostitution dans le Bois de Boulogne pour les extraire d’une situation de traite des êtres humains encore mal connue. 

Lors de leurs tournées au Bois de Boulogne, les Captifs constatent que les personnes transgenres sont difficilement identifiables comme victimes de traite. Aucun réseau criminel qui organiserait ce trafic pour en tirer des bénéfices n’a été repéré à ce jour. En revanche, l’organisation de l’exploitation est visible. 

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Il semble que l’avancement du billet d’avion, l’hébergement, le trafic d’hormone et la location de camion dépendent également de leur communauté. 

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La plupart des personnes transgenres rencontrées dans le Bois de Boulogne par Aux captifs, la libération sont sud-américaines. Les victimes proviennent essentiellement de régions spécifiques et identifiées du Pérou, mais aussi de l’Equateur et de l’Argentine. 

Sortir de l’exploitation et changer de vie !

Un besoin crucial d’hébergement
Les personnes victimes ne peuvent envisager de s’extraire de la communauté tant qu’elles ont des dettes envers elle. Par ailleurs, étant logées par le réseau, elles se retrouvent en situation de rue en quittant celui-ci. Renonçant à la prostitution, elles n’ont plus de revenu pour payer un loyer. 

Le premier besoin exprimé par les victimes désireuses de sortir d’exploitation est donc l’hébergement.

Réparer les dégâts des opérations clandestines
Seul le public transgenre en situation régulière a recours à des transformations dans le système de santé classique avec un vrai suivi sanitaire et psychologique. Mais ce public est très minoritaire. La majorité de ces femmes ont recours à des opérations clandestines, effectuées par des médecins de façon illégale, dans leur pays d’origine, en Espagne, ou en France. Dans ce cas, il n’est pas rare que cela engendre des complications physiques ou psychiques.

Le suivi sanitaire et psychologique est donc un élément essentiel pour répondre aux besoins des personnes en cours de transformation.

Le lien gratuit comme support à la reconstruction des victimes 
Les relations tarifées répétées et l’exploitation ont des répercutions profondes sur l’être, la considération de soi, et le rapport aux autres. 

Retisser des liens de confiance, gratuits, dans une relation libre et bienveillante est une nécessité fondamentale pour ces femmes, tant dans l’optique de leur propre reconstruction que dans le déclenchement du désir de s’engager dans une autre vie.

Le chemin vers l’insertion sociale
C’est ensuite, que le Parcours de Sortie de Prostitution et de traite à des fins d'exploitation sexuelle peut s’envisager, intégrant l’accompagnement social et psychologique utile à la réalisation d’un projet professionnel et à l’insertion dans la société française.

Aux Captifs, la Libération

L’association Aux Captifs, la Libération est née en 1981 pour aller vers les personnes à la rue en situation de précarité à l’intérieur de Paris, aux Bois de Boulogne et Bois de Vincennes ; avec aujourd’hui 25 maraudes hebdomadaires à destination des personnes en situation de rue ou/et d’exploitation sexuelle ou de prostitution, parfois victimes de traite des êtres humains.
Elle a aussi des équipes bénévoles à Bordeaux, Lyon et Nîmes.

Le cœur de sa mission est d’aller à la rencontre des personnes sur leur lieu de vie et ou d’exploitation. L’idée est d’aider chacun et chacune à construire un projet de vie, pouvant aller jusqu’à la sortie de la prostitution.

Les équipes de bénévoles et de salariés ont développé une expertise dans la rencontre, l’identification, l’accueil et l’accompagnement des personnes.

L’association propose également des permanences d’accueil et un accompagnement global à travers accompagnement social, accès au soin et au droit grâce à un maillage associatif adapté.

Les propositions de l’association visent à favoriser la liberté de choix des personnes dans leurs parcours. L'association déploie des activités de mobilisation /dynamisation ainsi que des séjours de rupture, comme autant de leviers de reconstruction vers une capacité à exercer sa liberté voire une insertion.

L’identification spécifique des victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle, mineures et majeures, est une des priorités de l’association ; tout comme la sensibilisation des pouvoirs publics et de la société aux problématiques liées à la traite des êtres humains.

L’association est agréée depuis trois ans par l’Etat pour accompagner des parcours de sortie de prostitution.et de traite à des fins d’exploitation sexuelle.


Article écrit en collaboration avec : 
Charles Dulière, responsable de l’antenne Lazare de l’association Aux Captifs, la Libération.
Gilles Badin, directeur opérationnel de l’association Aux Captif, la Libération