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L’hébergement d’urgence pour les victimes de traite « sans-papiers »

Aujourd’hui en France, les victimes de traite « sans-papiers » ont de plus en plus de difficultés à accéder à un hébergement d’urgence lorsqu’elles veulent s’extraire de l’exploitation. Auparavant hébergées par le réseau, elles se retrouvent alors en situation de rue et sont fortement exposées au risque de réexploitation.

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En Ile de France, le 115 est saturé et ne peut répondre positivement à toutes les demandes. Par ailleurs, obtenir une place via le SIAO prend plusieurs mois. Les victimes de traite se retrouvent donc majoritairement en situation de rue en attendant une solution d’hébergement d’urgence de longue durée.

Dans une logique de survie, les victimes sans logement peuvent être tentées de retourner dans le système d’exploitation qu’elles connaissent afin d’être hébergées, malgré les risques et les violences de ce contexte. C’est alors un véritable échec dans leur tentative de sortie d’exploitation et de réinsertion.

Un accès à l’hébergement d’urgence plus difficile pour les personnes sans-papiers et les hommes

les personnes sans papiers ont souvent, dans les faits, beaucoup plus de mal à accéder à un hébergement d’urgence que les personnes françaises ou régularisées. Pour les victimes de traite, en majorité sans papiers, obtenir un logement est donc encore plus complexe.

Par ailleurs, de nombreux centres d’hébergement d’urgence sont réservés aux femmes. De ce fait, les hommes n’ont quasiment aucune chance d’accéder à un logement via le 115 ou le SIAO.

Le cas particulier des femmes enceintes ou avec nouveau-né

Pour de nombreuses femmes victimes d’exploitation sexuelle, le fait de tomber enceinte déclenche la volonté de sortir du réseau de prostitution.

Elles sont alors en recherche d’un contexte favorable à la grossesse et l’accueil d’un enfant dans un cadre sain et protecteur.

Dans la majorité des cas, ce sont les exploiteurs qui hébergeaient ces victimes. Pour elles, quitter le réseau signifie donc se retrouver en rue. Elle se tournent alors vers des associations pour trouver de l’aide et un hébergement.

En général, une demande de prise en charge par le SIAO est immédiatement formulée par un travailleur social. Encore faut-il que les femmes ou familles sans papiers puisse y avoir recours, compte tenu du fait que seules les associations ont le droit de les aider. Une fois la demande faite, certaines familles n’auront pas de proposition d’hébergement avant 8 ou 9 mois d’attente. .

Par ailleurs, suite à la naissance, les maternités encouragent rapidement les mamans à trouver une solution d’hébergement afin de libérer des places pour les nouvelles naissances entrantes.

Au final, un certain nombre de ces femmes vont vivre leur grossesse et les 2 à 3 mois qui suivent la naissance entre la rue, le hall de la maternité et des solutions d’hébergement de courtes durées via le 115.

Pendant cette période, le risque de récupération de ces anciennes victimes par un réseau de traite est élevé. C’est parfois pour elles la seule solution pour accéder à un hébergement, malgré la violence du contexte d’exploitation pour elles et leur enfant.

Une problématique qui s’accentue au fil des années

Ces situations ne sont pas des cas isolés et ce phénomène s’est accentué ces dernières années.

Différentes sources journalistiques estiment que chaque année en Île-de-France, 1000 à 2000 familles  « sans-papiers » sont concernées par ce phénomène.

Mais cette réalité est également un enjeu politique et fait l’objet de débats.
Bien qu’il n’existe pas de solution simple pour résoudre ce problème, certaines dispositions permettraient d’améliorer cette situation d’urgence

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Mouvement du nid

L’association porte 4 missions :

Aller à la rencontre des personnes en situation d’exploitation sur les lieux de prostitution.
Accompagner les personnes via des permanences d’accueil : suivi social et psychologique, aide à la réinsertion.
Réaliser des activités de prévention sur la vie affective et sexuelle dans des établissements scolaires (association agréée par le ministère de l’Education Nationale).
Former des travailleurs sociaux sur la prise en charge de femmes victimes de violence et de personnes en situation de prostitution ou de traite.


Article écrit en collaboration avec Benoit Kermorgant, coordinateur du mouvement du nid en Ile de France.