Coordination : Geneviève Colas - genevieve.colas@secours-catholique.org - 06 71 00 69 90

Comprendre la traite nigériane

Recherches et Actions en France et au Nigeria : le projet PACKING

Devant l’ampleur du phénomène de la traite des femmes Nigérianes et l’implication de nombreuses mineures dans ces réseaux d’exploitation, ECPAT France a développé le projet PACKING de recherches et d’actions impliquant des acteurs français et nigérians. 

Ce projet a été initié en vue de prévenir et éradiquer les violations des droits de l’homme spécifiquement sur le public des enfants et des femmes venant du Nigéria à risque ou déjà victime de traite à des fins d’exploitation sexuelle en France. Il s'est déployé sur le Nigéria (pays d’origine des victimes) et la France (pays de destination).

Les actions de terrain

Celles-ci ont été menées au Nigéria avec Girls’ Power Initiatives, association nigériane partenaire d’ECPAT France dans le but d’identifier et de prévenir les risques de traite notamment liés à la migration illégale, d’aider au retour de survivantes et d’impulser une dynamique locale de lutte contre la traite (plaidoyer).

Elles se sont traduites par : 

  • Des campagnes et ateliers de sensibilisation à destination des familles, des communautés locales des jeunes dans les écoles, 
  • Des formations de pairs éducateurs pour qu’ils sensibilisent à leur tour les enfants/jeunes de leurs entourages
  • Des sessions organisées sur les market places (lieux des marchés), dans les Town halls (mairies),
  • Des sessions organisées dans les gares routières auprès des conducteurs, en contact avec des personnes en transit, pour les aider à identifier les victimes potentielles,
  • Une campagne radio au Nigéria, 
  • Une campagne Facebook, gérée par ECPAT France, dont les contenus ont été élaborés avec les partenaires nigérians à partir de paroles de victimes : https://www.facebook.com/Dont-Pay-With-Your-Life-Campaign-862678123940396/

Le projet de recherche

L’étude PACKING « Groupes religieux dans la traite des filles et des femmes nigérianes, le cas des temples, des clubs de femmes et des groupes cultists » :

Devant le nombre de Nigérianes victimes d’exploitation sexuelle en France, et la difficulté à comprendre leur parcours, ECPAT France a choisi de lancer une étude approfondie et innovante des mécanismes du phénomène et ce à la fois au Nigéria et en France.Pour ce faire l'association s’est entourée de chercheurs de l’IFRA (Institut de recherche en Afrique-Nigéria), de chercheurs du Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale (COMPTRASEC UMR-CNRS 51 14) et de l’association parisienne Les Amis du Bus des Femmes.

De nombreux témoignages et récits de victimes en France laissaient en effet transparaître des liens entre certains acteurs/groupes sociaux nigérians et la pratique de la traite des êtres humains. Aucune recherche n’avait jusqu’alors analysé pleinement le rôle éventuel de ces acteurs dans le phénomène et le processus de la traite. 

C’est ainsi qu’ECPAT France a lancé ce projet de recherche articulé à la fois au Nigéria dans l’Etat d’Edo et en France.

Au Nigeria, 5 chercheurs ont mené des recherches qui mettent en évidence l’implication des groupes religieux (tels que les temples néo-traditionnels Ayelala dans l’Etat d’Edo au Nigéria), des groupes de femmes (ladies’ clubs) et des groupes « cultist » dans le processus de traite. Ils ont  recherché comment les croyances et les pratiques et règles de fonctionnement de ces groupes peuvent être utilisées à des fins criminelles. 

En France, les médiatrices des Amis du Bus des Femmes ont été formées afin de pouvoir mener des entretiens auprès des victimes de traite nigérianes sur la base d’un questionnaire développé par les chercheurs.
Le laboratoire COMPTRASEC et Les Amis du Bus des femmes ont ainsi pu collaborer dans l’analyse des données ainsi recueillies.

La rédaction de l’étude finale disponible ici a été confiée à Bénédicte Lavaud-Legendre (COMPTRASEC) et Cécile Plessard (sociologue) à partir des travaux de recherche menés au Nigéria et en France et sous la coordination d’ECPAT-France.

rapport fr    rapport gb

Les principaux apports du projet  

Cette étude ouvre donc une nouvelle porte d’analyse sur le fonctionnement de ces réseaux et sur les mécanismes de protection et de répression nationaux et internationaux à développer. 

L’ensemble des éléments développés dans la présente étude sont d’un apport considérable pour les juridictions ayant à connaître des situations de traite des êtres humains, que ce soient les juridictions répressives, les juridictions en charge d’évaluer les demandes d’asile ou les juridictions assurant la protection des droits fondamentaux comme la Cour européenne des droits de l’homme.

Les éléments étudiés et développés dans l’étude mettent en évidence de nouveaux axes de compréhension de la traite nigériane et ainsi l’extrême vulnérabilité des victimes face à celle-ci.

Autant de facteurs qui permettent de caractériser avec plus de clarté les situations de traite et/ou les publics à risque en amont d’un départ, ainsi que les immenses risques éventuels encourus par les victimes en cas de retour au pays.
Chacune d’entre elles apparaît comme isolée face aux logiques qui alimentent les trois groupes étudiés.

Leur légitimité historique, leur structuration, la cohérence des fonctionnements mis en place, l’efficacité de leurs agissements dans l’activité de traite et leur poids social sont autant d’éléments face auxquels les victimes, et leurs familles lorsqu’elles ne sont pas parties prenantes de l’exploitation, se révèlent extrêmement vulnérables. 

ECPAT, une ONG internationale présente dans 91 pays dans le monde

Son mandat

Lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants sous toutes ses formes
Promouvoir les droits de l’enfant
Lutter contre toutes les formes de violence et d’exploitation des enfants et des jeunes de moins de 25 ans.

Ses missions

Plaidoyer auprès des décideurs politiques et acteurs économiques
Mise en œuvre et soutien d’actions plus concrètes

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Le projet PACKING (Protection of migrants and Asylum seekers especially Children and women coming from Nigeria and victims of trafficKING) a été déployé du 1er janvier 2017 au 31 mars 2019. Cofinancé par la commission Européenne et la Mairie de Paris.

Les partenaires du projet PACKING :

 

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Article écrit en collaboration avec Aurélie Jeannerod – ECPAT France