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Rendre visible la traite pour mieux la combattre

Depuis deux ans, chaque année, l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violence et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) collectent et présentent les données des associations sur les victimes de traite.

Il s’agit de mettre en lumière un phénomène sur lequel il y a peu de statistiques afin de porter un autre regard sur celui-ci et de permettre aux acteurs publics et associatifs d’adapter leur mobilisation.

Origines de l’enquête

L’initiative est née en 2015, suite à publication du premier Plan national de la lutte contre la traite des êtres humains 2014-2016. Celui-ci préconisait l’amélioration de la connaissance statistique du phénomène. 
En effet, s’il existe déjà des rapports d’enquêtes sur les victimes, on constate que la majorité d’entre-elles ne portent pas plainte et sont donc invisibles des services de police. 

L’idée était donc de s’appuyer sur les données collectées par les associations pour apporter un nouvel éclairage sur la traite, ses différentes formes et ses victimes.

L’ONDRP et la MIPROF se sont saisis du projet et ont décidé de récolter, agréger et organiser dans un rapport annuel les données détenues par les associations. 

Le panel des associations interrogées

L’élaboration de l’enquête se fait en lien avec le Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains ». Elle est envoyée à l’ensemble des associations identifiées comme étant potentiellement en lien avec des victimes de traite. 

Nous retrouvons dans le panel : 

  • Des associations spécialisées sur la traite des êtres humains
  • Des associations luttant contre la prostitution
  • Des associations d’accueil des migrants 
  • Des associations accompagnant les personnes en situation de précarité 
  • Des grandes associations de solidarité nationale et internationale

Les limites de la représentativité

  • Les résultats de l’enquête sont le reflet du travail des associations. Bien que celui-ci soit déterminant pour comprendre et appréhender la réalité de la traite, il ne peut représenter de manière exhaustive l’ensemble du phénomène.
  • Le fait de répondre au questionnaire n’a rien d’obligatoire. Le rapport se base donc sur le travail des associations qui ont répondu.

En revanche, les données récoltées recoupent les enquêtes qualitatives sur le sujet, et donnent un réel éclairage sur la traite, ses différents visages et les profils de victimes. 

Le contenu du rapport

Vous retrouverez dans ce rapport : 

  • La présentation du paysage de chaque association afin que le lecteur puisse appréhender les sources des données présentées. 
  • La présentation des profils de victimes suivies par les associations classées selon les formes d’exploitation.
  • Un focus sur les victimes présentes dans des lieux de privation de liberté (centres de détention, zones d’attente, détention administrative). De nombreuses victimes sont présentes dans ces lieux car elles ont été considérées d’abord comme auteurs de délit. 

Conclusions générales du rapport 2018

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Dans les grandes lignes, ce rapport met en relief les éléments suivants : 

  • La traite des êtres humains touche des victimes originaires de nombreux pays. Parmi celles-ci, nous retrouvons 70 origines différentes.
  • La traite prend des formes très variées, ciblant chacune des victimes spécifiques. Par exemple, l’exploitation sexuelle ou domestique touche beaucoup les femmes et les mineurs, le travail forcé cible plus les hommes et l’incitation à commettre des délits recrute essentiellement des mineurs.
  • Les réseaux exploitants sont souvent familiaux et plus petits que les représentations que nous en avons. 

La portée du rapport

Il est diffusé : 

  • Au grand public sur Internet
  • Aux associations en lien avec des victimes de traite
  • Aux acteurs publics concernés par le phénomène ou ses victimes.

Ses objectifs

  • S’appuyer sur les données des associations pour mieux faire connaitre le phénomène de la traite des êtres humains et poser un regard différent sur celui-ci, loin des idées reçues.
  • Rendre visible la diversité des profils des victimes et des formes d’exploitation.
  • Montrer les mécanismes de l’emprise des exploitants sur les victimes. 
  • Obtenir une meilleure mobilisation sur le sujet de la part des pouvoirs publics à travers la prise de conscience du phénomène.
  • Servir de ressources aux professionnels et bénévoles (police, acteurs sociaux, associations…) pouvant être en lien avec des victimes. Les mécanismes de la traite et les profils de victimes présentées dans le rapport peuvent être utiles à la sensibilisation, la formation, la création d’outils destinés aux acteurs.

En savoir plus

Cap sur l’édition 2019

  • Récolte des données d’avril à juin 2019 (concernant les données 2018)
  • Publication prévue le 18/10/2019.

Crédit photo : L. Charrier