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Enrayer la traite outre-mer

Dans les départements et territoires d’outre-mer, la traite à des fins d’exploitation sexuelle s’installe et se développe sur le terrain de la pauvreté et de l’immigration clandestine. Les dispositifs sociaux étant défaillants, les victimes ont peu de solutions pour sortir de l’exploitation, se reconstruire, et envisager un projet d’insertion. Le Mouvement du Nid, présent en Martinique et à Mayotte, développe des actions spécifiques pour enrayer ce phénomène et venir en aide aux victimes.

En Martinique, les victimes de traite proviennent essentiellement de République dominicaine et d’Haïti. Les exploiteurs sont en général de petites organisations internes aux pays d’origine des victimes. Ils recrutent dans les villages, s’appuyant sur un contexte de pauvreté pour séduire les jeunes femmes en leur promettant un avenir meilleur qui leur permettra de faire vivre leur famille. 

En Martinique, l’exploitation se développe principalement grâce au tourisme sexuel, mais une partie de la population locale est également consommatrice de la prostitution.

A Mayotte, la traite s’installe sur le phénomène migratoire de l’archipel des Comores. La population des îles les plus pauvres vient chercher des conditions de vie meilleures à Mayotte et un accès à la santé et à l’emploi.

En réalité, la migration illégale place les personnes dans une situation de grande vulnérabilité vis-à-vis des trafiquants. Et une fois à Mayotte, les migrants survivent dans un contexte de pauvreté généralisé, propice à l’exploitation sexuelle et à la traite.

La complexité du contexte social Outre-Mer

Dans les territoires d’outre-mer, l’aide publique est peu structurée et défaillante par rapport à la métropole. Les rares dispositifs existants sont vites dépassés par le grand nombre de personnes vulnérables et en difficulté.

Les solutions d’hébergement sécurisé et de suivi psychologique, deux dimensions fondamentales de l’accompagnement des victimes de traite, font cruellement défaut sur ces territoires .

La société civile tente de s’organiser mais les associations restent trop peu nombreuses.

Bien que l’exploitation sexuelle soit très présente dans ces régions, rares sont les associations spécialisées dans cette forme de traite. Les victimes sont ainsi très souvent livrées à elles-mêmes et restent sous l’emprise de leurs exploiteurs.

Par ailleurs, bien que les lois récentes sur la prostitution et l’exploitation sexuelle ont eu un impact bénéfique en métropole, elles n’ont quasiment pas eu de répercussions outre-mer.

Malgré ce contexte, aujourd’hui, la mobilisation des préfectures et des délégations départementales des droits des femmes dans ces territoires montrent une prise de conscience et une volonté d’agir contre la traite Outre-mer.

En Martinique, la société civile s’organise pour venir en aide aux victimes de traite

Les victimes, issues de l’immigration, ont en général un faible niveau de français, rendant complexe toute tentative d’insertion ou d’accès à l’aide sociale. L’exploitation les a placées dans un contexte particulier d’isolement et d’extrême pauvreté. Par ailleurs, elles  méconnaissent leurs droits et les aides dont elles pourraient bénéficier.

Martinique

L’association participe à la mise en place de parcours de sortie de prostitution en lien avec la commission départementale désignée par la préfecture.

A Mayotte, la formation des acteurs est la priorité actuelle. Les autorités ont pris peu à peu conscience de l’ampleur de l’exploitation sexuelle et commencent à mettre en place des solutions pour l’enrayer. La préfecture a fait ainsi appel au Mouvement du Nid pour former les membres de la commission départementale et les associations qui seront chargées des parcours de sortie de prostitution.

L’idée est de former les associations spécialisées dans l’accueil des migrants sur les questions de la prostitution et de la traite. En effet, celles-ci apparaissent comme des acteurs charnières à même d’identifier, d’orienter et d’accompagner les victimes. 

Mouvement du nid

L’association porte 4 missions :

Aller à la rencontre des personnes en situation d’exploitation sur les lieux de prostitution.
Accompagner les personnes via des permanences d’accueil : suivi social et psychologique, aide à la réinsertion.
Réaliser des activités de prévention sur la vie affective et sexuelle dans des établissements scolaires (association agréée par le ministère de l’Education Nationale).
Former des travailleurs sociaux sur la prise en charge de femmes victimes de violence et de personnes en situation de prostitution ou de traite.


Article écrit en collaboration avec Benoit Kermorgant, coordinateur du mouvement du nid en Ile de France.