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Traite à l'international : Une exploitation mondialisée

Depuis la fin du XIXème siècle, l’esclavage a été progressivement aboli dans la plupart des pays. Pourtant, selon les Nations Unies et le Conseil de l’Europe, la traite des êtres humains est la troisième forme de trafic la plus rémunératrice dans le monde après le trafic de drogue et la contrefaçon.

C’est aujourd’hui la source mafieuse de revenus augmentant le plus vite.

La traite des êtres humains, véritable criminalité transnationale organisée, est devenue un commerce. C’est une activité extrêmement lucrative puisque le distributeur ou le trafiquant peut revendre une personne plusieurs fois sur plusieurs années alors qu’elle ne coûte en moyenne que 90 dollars à l’achat!

Cette exploitation est aujourd’hui mondialisée. Presque tous les pays du monde sont touchés par ce fléau, que ce soit en tant que pays d'origine, de transit ou de destination. 
 

Quelques chiffres

  • 45 millions de victimes de la traite dans le monde
  • 2,5 millions de personnes recrutées et exploitées en plus chaque année
  • 32 milliards de dollars de profit par an
  • 500 différents flux de trafics détectés entre 2012 et 2014
     

Une exploitation protéiforme

L’exploitation sexuelle est la plus répandue dans le monde ;

Elle englobe la prostitution bien sûr mais aussi la pornographie et la cyberpornographie ou encore le mariage forcé dont sont en général victimes de jeunes enfants ou femmes.
L’esclavage moderne englobant le travail forcé, la servitude domestique, la servitude pour dette, le travail des enfants, vient ensuite. Il s’est fortement développé ces dernières années et beaucoup les hommes.
Il existe aussi des formes moins connues comme la mendicité ou le vol forcés, l’enrôlement des enfants dans des conflits armés ou encore le trafic de bébés à des fins d’adoption internationale illégale.

Il existe bien entendu un nombre infini de situations mais les ressorts sont partout identiques.
Une personne en situation de grande pauvreté ne possède qu’une seule richesse : elle-même.

Lors de la transaction, fondée sur la force et/ou le mensonge, la victime croit vendre sa seule force de travail ou accepter une promesse de mariage alors que son « employeur » achète sa personne elle-même.

Les enfants, lorsqu’ils sont isolés de leur famille ou peu protégés, les personnes déplacées, migrantes et réfugiées sont des proies faciles. A ce titre, Internet est un outil puissant pour fluidifier le marché et l’organisation des trafiquants.

La conjoncture actuelle participe au développement de cette exploitation. Les personnes fuyant la guerre et les persécutions sont particulièrement vulnérables et donc susceptibles d’être victimes de trafic. L’urgence de leur situation les mène souvent à prendre des décisions dangereuses. L’accroissement rapide du nombre de Syriens victimes de trafic suivant le début du conflit dans leur pays semble être un exemple de la manière dont les vulnérabilités jouent en faveur du développement de la traite des êtres humains. Les conflits géopolitiques créent en effet des conditions favorables au trafic des personnes car ils génèrent des masses de personnes vulnérables tentant d’échapper à la violence.    

Le combat contre la traite des êtres humains doit être universel et quotidien. Il est primordial que tous les acteurs, pouvoirs publics, entreprises, associations, individus, l’intègrent dans leurs préoccupations pour lutter contre l’invisibilité. Nul, en tout cas, ne peut ignorer ce drame contemporain.

Sources : 

  • UN Global report on trafficking in persons – 2016
  • The Global Slavery Index in Fountain Ink, February 2016