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Ali

Ali, victime de traite des êtres humains à des fins d'exploitation par le travail nous livre son récit, son parcours et ses souhaits pour l'avenir. Rencontré par le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) en 2015, il était à la rue depuis plusieurs mois, sans aucun repère et attaches. Nous l'avons accompagné et avons répondu à ses besoins. Bien que la procédure en justice n'ait pas pu aboutir, aujourd'hui en 2021, Ali est confiant en l'avenir : il travaille, parle français, a un logement et a fondé une famille.

Bonjour, je m'appelle Ali, je suis Arabe. Je suis venu en France à peu près en 2014. Je travaillais chez quelqu’un, et je travaillais comme un esclavage. Je suis restée avec lui à peu près 9 mois. 

Je dormais dans un conteneur, je mangeais dans la poubelle. Très, très, très difficile, pendant 9 mois... Et à la fin je n’ai rien gagné. Après je suis sorti, j'étais dans la rue à peu près 5 mois. En juin 2015, je suis venu ici, au Comité... ma vie a changé à à peu près 180 degrés. 

Avant j’étais dans la rue, je mangeais dans la poubelle. Je vivais dans la rue comme un chien. Mais aussi toujours je parle avec quelqu’un pour m’aider, pour trouver une solution pour m’aider. Et un jour je suis allé à la mosquée, j’ai parlé avec eux : « ma situation c’est 1, 2, 3… ».
Et j’ai trouvé quelqu’un là-bas qui m’a dit : « ici en France il y a une association pour les personnes comme toi. Quand tu vas aller chez eux, eux ils vont t’aider. ».
Il m’a donné un portable ; il est venu avec moi, il a acheté un petit portable et il a acheté une carte sim. Il a mis le numéro du CCEM dans le portable et il m’a dit « il faut les appeler ».

Et ici [au CCEM], mon premier assistant social il a fait une demande [d’inscription] pour moi. Il m’a dit : « il faut parler français ». Je lui ai dit « je connais pas la langue française ; j’ai écouté les personnes dans la rue mais j’ai rien compris ». Je croyais que c’était très très difficile pour moi pour apprendre la langue. Mais après quand je suis allé à l’école, jour après jour, une semaine après une semaine, j’ai commencé pour apprendre la langue. J’ai commencé à travailler et en même temps continué mes cours de français. Et c’est tout.

(…)

Quand j’ai commencé avec le CCEM, il m’a montré le 115. Après j’ai commencé à dormir au 115. Le 115 c’est pas une place très bien pour dormir. Mais pour moi c’était comme le paradis. Je mangeais mieux qu’avant. Au moins au 115 j’avais un lit. 

(…)

Ma vie avant le CCEM c’est une chose. Après le CCEM, c’est autre chose. Avant le CCEM, j’étais perdu, j’étais dans la rue. 
Après quand je suis venu au CCEM eux ils ont fait la demande pour moi pour faire un cours de français. Eux ils m’ont aidé pour aller à la police parce que moi tout seul je pouvais aller à la police pour porter plainte. Contre le monsieur chez qui je travaillais. C’est le CCEM qui m’a aidé à trouver une pièce pour dormir. D’abord à la Boulangerie [nom du foyer], et après, maintenant j’ai un studio, dans le 15ème. Ça aussi c’est grâce au CCEM. Et le premier travail pour moi quand je travaillais dans la boîte d’intérim, c’est la directrice d’ici qui a appelé là-bas. Pour dire : « il y a un monsieur qui va venir donner un CV ». Que je travaille, c’est aussi grâce au CCEM, grâce au Comité. Donc toutes les bonnes choses que j’ai maintenant dans ma vie… C’est grâce au CCEM. 

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